Le stress partie 3

Nous abordons le sujet du stress avec quatre partages du Dr Jean-Luc Bertrand. Chaque partie est assez longue et très riche quant à son contenu. Vous pouvez fractionner votre lecture pour lire le texte en plusieurs fois.


Les gens me demandent quels sont les médicaments qu’ils doivent prendre lorsqu’ils sont stressés ? Je dirai en général, au début du stress, de simples décontractants sont prescrits. À des stades plus élevés, ce sont souvent les mêmes médicaments que l’on utilise pour l’anxiété, comme les anxiolytiques. Il faut savoir que ces médicaments ne doivent être utilisés que de façon temporaire. On remarque sur la notice jointe à ces boîtes de médicaments qu’ils ont quelques effets secondaires néfastes : ils diminuent la vigilance, la mémoire et ils rendent irritable. Donc, il ne faut pas les utiliser quand on va conduire. Ce sont des médicaments passagers. Il ne faut pas les repousser complètement parce que quelquefois certaines personnes ont besoin de franchir un cap. Il arrive un moment où on est tellement pris dans un rythme de stress qu’on n’arrive plus à s’arrêter ! C’est un peu comme une roue infernale et quand on prend, à ce moment-là, des médicaments anti-stress, des décontractants, cela peut aider à faire le chemin inverse pour retourner vers plus de sérénité.

On disait que le stress c’était les agressions de l’organisme dans sa totalité, que nous subissons dans la journée, et surtout c’était nos réactions face à ces agressions.

Réagit-on positivement ou négativement face à une difficulté, un traumatisme, un conflit ?

Cela entraîne le stress, et il est important de savoir que 80 à 85 % de nos maladies, de nos jours, sont dues au stress. Les 15 à 20 % qui restent sont des maladies dues à des facteurs génétiques, héréditaires, des maladies qui sont transmises de génération en génération et pour un certain pourcentage de ces 15 à 20 %, ce sont des maladies pour lesquelles aujourd’hui nous n’avons pas assez de recherches qui nous permettent de connaître leurs origines.

Donc 80 à 85 % de nos maladies sont dues au stress, c’est incroyable !

Il y a vraiment un impératif extraordinaire, à savoir : comment vaincre le stress et comment vivre sans stress ? On ne peut pas éviter les pressions de la vie. Tout le monde est soumis à des pressions. Elles sont plus importantes dans une grande ville comme Paris plutôt que dans une ville en Corrèze où quelqu’un s’occupe d’un troupeau de chèvres. Toutefois, chacun a ses pressions, d’autant plus que l’on sait bien aujourd’hui que ce qui crée ces tensions excessives face aux pressions de la vie, ce sont nos réactions face à ces pressions et ces réactions se développent dans notre vie intérieure. Les pressions de la vie n’ont pas beaucoup de prise sur celui qui a une sérénité et une liberté intérieure. Il faut travailler dans ce domaine de la vie intérieure si l’on ne veut plus être victime du stress.

Dans les précédents partages, je disais que l’origine du stress était étonnante. On sait, de nos jours, que quelqu’un qui est stressé, c’est quelqu’un qui a peur d’être humilié, qui a peur d’être jugé par les autres et qui, par conséquent, fait tous ses efforts pour donner une bonne image de lui-même. Dans les facteurs intérieurs qui font qu’on a une prédisposition au stress, il y a le fait de ne pas s’être pardonné à soi-même un certain nombre de mauvais actes, d’actes négatifs que l’on a commis au cours de son existence. « Se pardonner à soi-même » est une expression très connue, qu’on entend très souvent dans notre monde actuel.

Pourtant, lorsqu’on examine la Bible, qui est pour moi un traité de psychologie formidable parce que c’est vraiment quelque chose qui marche, les expressions « se pardonner à soi-même » et « image de soi » n’y apparaissent pas. On y parle d’image de Dieu, et quelqu’un qui a une bonne image de lui-même a aussi une bonne image de Dieu et a une bonne relation avec Lui. Les gens qui sont bien dans leur peau ne sont pas du tout fixés sur l’image d’eux-mêmes : ils ont une bonne image d’eux-mêmes parce qu’ils ont une bonne image de Dieu. Ils voient Dieu tel qu’Il est et ils considèrent Dieu comme un Père plein d’amour, et non comme le père qu’ils ont eu.

A propos du fait qu’on ne retrouve pas l’expression : « se pardonner à soi-même » dans la Bible, voici un exemple. C’est l’histoire d’une personne qui a eu une aventure sexuelle avec une de ses amies alors qu’il était jeune homme. La jeune fille est tombée enceinte et il l’a poussée à avorter. La fille a beaucoup hésité, mais sous la pression de son copain — en plus ils n’avaient pas beaucoup d’argent — elle l’a fait. [Le sujet de ce partage n’est pas de discuter si l’avortement est une bonne ou mauvaise chose, mais simplement d’analyser quelles sont les conséquences d’un acte comme l’avortement sur la culpabilité et sur les complexes de pardon à soi-même.] Des années plus tard, cet homme souffre toujours terriblement de cette culpabilité. En fait, même si pour lui c’était un acte qui était normal, car tous ses copains le faisaient, au fond de lui-même il se sentait coupable et il s’est toujours senti coupable bien qu’il n’en était pas conscient.

En psychologie, on détecte les ressorts non-verbaux d’une personne qui se sent coupable de ceci. D’ailleurs, quand on parle avec ce genre de personne ou avec cette personne, on se rend compte qu’elle se sent coupable. Que se passe-t-il alors dans sa vie ? Cette personne est plus agressive et se punit elle-même. Elle retourne contre elle-même l’agressivité qu’elle avait envers l’embryon, l’agressivité qu’elle avait développée à cause de la culpabilité et elle est dure avec elle-même et avec les autres. Les personnes qui font des actes d’égoïsme, qui volent, par exemple, et qui ne se repentent pas de cela, s’enferment dans ce comportement. C’est-à-dire que quelqu’un qui vole pour s’auto-punir du vol, lorsqu’il n’a pas demandé pardon et qu’il n’a pas restitué ce vol, va avoir en lui une tendance à voler.

Quelqu’un qui vole et qui est attrapé est ensuite mené au commissariat de police, puis traîné devant les tribunaux et peut même aller en prison. Comme le vol n’est pas acceptable dans notre société, il va le faire sous d’autres formes. Il va être un peu magouilleur et va toujours pousser au-delà de la limite. Il essayera toujours d’être un peu dissimulateur, un peu joueur. Celui qui a commis des actes sexuels : qui est passé de copine en copine, qui a eu beaucoup de flirts, de relations sexuelles et qui est culpabilisé par son attitude, c’est une personne qui va avoir un flot de pensées impures, qui a une tendance à être attirée par les films érotiques, les magazines pornographiques et qui aura plus tendance — ou des pensées — à tromper sa femme.

Quelqu’un qui se repent, qui fait le point et qui dit : « C’est vrai, ce que j’ai fait était mal, vraiment mal », lorsque cette personne le confesse à Dieu, et c’est là la fantastique dimension de l’Évangile, parce qu’on s’aperçoit que le fait de verbaliser ses mauvais actes ; ce que l’on fait lors d’une thérapie psychanalytique ou simplement chez un psychologue, très souvent cela ne suffit pas pour enlever la culpabilité ; pour enlever cette culpabilité et pour recevoir le pardon, pour se « pardonner à soi-même », à ma connaissance, il n’y a pas d’autre personne dans l’histoire de l’humanité que le Christ qui l’a donné. Je n’en connais pas d’autres !

Quand on étudie toutes les philosophies, toutes les religions, il n’y a que le Christ qui donne cette approche du pardon gratuit : Lui seul a satisfait aux exigences de la Loi de Dieu et donc celui qui se confie en Lui et qui obéit à ses commandements, qui vit une vie dans toutes ses dimensions de service pour le Christ et pour les autres, peut recevoir le pardon.

Comment recevoir le pardon ?

Quand une personne est prise de profonds remords, qu’elle s’approche de Dieu sous la pression de ces remords et Lui demande pardon — ces personnes qui vivent ces expériences ont le sentiment d’avoir blessé Dieu — c’est comme si cet acte égoïste, cet acte de vol, peu importe l’acte mauvais qui a été commis à un certain moment de leur vie, elles le vivent comme si cet acte avait été fait contre Dieu. Elles le confessent à Dieu de tout leur cœur, avec un cœur repentant et plein de remords. Elles vont ensuite demander pardon aux personnes qu’elles ont blessées, volées et éventuellement elles restituent ce qu’ils ont volé.

À ce moment-là, on constate que ces personnes reçoivent le pardon de Dieu. Elles vous disent, après quelque temps : « Je ne m’en veux plus, je n’ai plus ce besoin, cette envie de me pardonner à moi-même. » Vous voyez ce que je veux dire ? Une personne qui reçoit le pardon de Dieu n’a plus besoin de se pardonner à elle-même. C’est une conséquence du pardon qu’elle a reçu de Dieu : elle reçoit cette libération intérieure, qui fait qu’elle est en paix avec elle-même parce qu’elle est en paix avec Dieu et que sa conscience est libre !

En psychologie et en psychanalyse, il y a la dimension du thérapeute, c’est-à-dire de la troisième personne. On retrouve cette dimension du thérapeute dans la Bible, dans Jacques, au chapitre 5 : on s’aperçoit qu’il y a une troisième personne qui est là pour entendre la confession à Dieu, de quelqu’un qui a commis une faute. Cette troisième personne est là pour prier pour la personne en demandant le pardon de Dieu. En fait, la psychanalyse et la psychologie n’ont fait que reprendre ces argumentations bibliques qui amènent la personne à être libérée. La Bible nous conseille de faire cela avec quelqu’un qui a été libéré de ses fautes. On ne peut pas demander la prière, l’intercession d’un voleur si on veut demander le pardon pour un vol. Il faut que la personne ait été libérée du malaise dont on souffre.

Comment savoir si l’on a été pardonné par Dieu et si l’on s’est pardonné à soi-même ?

Vous le savez parce que soudain, vous êtes bien dans votre peau : vous êtes à l’aise, vous êtes serein et cette sérénité rejaillit dans votre vie par le fait que vous viviez sans tensions excessives face aux pressions quotidiennes. A présent, chaque agression, chaque conflit, chaque personne qui vous blesse, chaque retard, le fait que vous n’arriviez pas à faire toutes les choses que vous deviez faire dans la journée, les mauvaises surprises de la journée n’arrivent plus à trouver prise dans votre être intérieur. Votre être intérieur est devenu lisse, en paix et serein et ainsi on peut être délivré du stress car n’y a plus cette tension intérieure qui vous culpabilise. C’est donc un problème intérieur, complètement relié à la dimension de la foi chrétienne : la dimension du pardon de Dieu, qui est la grande force de l’Évangile !

Dr Jean-Luc BERTRAND

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