LA VIE PASSE SI VITE

1) DIFFERENTES NOTIONS DE LA VIE.

a) Réflexion générale.

Notre frère Michel Lusseau est parti pour la patrie céleste peu avant ses 83 ans. Ce passage dans la présence réconfortante et glorieuse du Créateur est une véritable délivrance car ses derniers mois étaient caractérisés par une lutte contre sa maladie. Sa durée de vie terrestre est légèrement supérieure à l’espérance moyenne des hommes en France, les femmes ayant le privilège (?) de vivre plus longtemps.

Cet événement nous conduit à considérer attentivement cette parole : « Il ne faut pas chercher à rajouter des années à sa vie mais plutôt essayer de rajouter de la vie à ses années« . Bien évidemment, il est normal et légitime de favoriser le prolongement de l’existence. Nous sommes privilégiés en France de bénéficier des progrès de la science et de la médecine. Beaucoup de problèmes de santé sont traités et réglés grâce aux médicaments et aux interventions chirurgicales. Cependant, l’auteur de cette phrase a mis en avant une saine ambition à côté de laquelle on peut passer : il est préférable de favoriser la qualité de sa vie plutôt que sa longueur. Bien sûr, l’idéal est de pouvoir associer les deux : un parcours terrestre long et de premier choix.

Le thème développé est extrêmement sensible et interpelle notre conscience. Les avis peuvent être différents en fonction des expériences personnelles, de la compréhension de chacun, de l’éducation reçue. Peut-on se risquer à affirmer qu’une vie de grande qualité est préférable à une existence longue ? Des visites régulières dans les services de gériatrie et d’accompagnement des personnes âgées et dépendantes permettent de se forger une opinion… Beaucoup de personnes osent avouer ou sous-entendent que le temps leur semble long durant leur dernière phase de l’existence. Alors que les progrès scientifiques la prolongent, plusieurs personnes concernées ne le souhaite pas réellement. Il s’agit d’un des nombreux paradoxes de notre société occidentale. Il faut dire que certains ont des raisons de ne plus vouloir s’accrocher à tout prix à la vie : handicap lourd, maladie, perte des facultés physiques et mentales, ennui, abandon de la famille, solitude, culpabilité…

Les Ecritures insistent sur un point essentiel : l’homme est invité à rechercher le Créateur auteur de la vie à laquelle est attachée la notion de qualité. 2 Chro 15 : 15; Jér 29 : 13; Mat 7 : 8; Jean 10 : 10.

b) Les notions de vie dans le Nouveau Testament.

La langue française ne traduit pas les différentes notions et définitions des mots en grec. Ainsi, le terme « vie » revêt plusieurs significations dans le Nouveau Testament. Nous allons retenir les trois principales :

 – « Bios » : la vie sans son sens le plus large, le plus général. Il s’agit de la vie naturelle, biologique en rapport avec les fonctions vitales de l’organisme, l’existence. Luc 8 : 14.

 – « Psuche » : la vie de l’âme, de l’être intérieur siège des émotions, des réflexions, des sentiments, de la volonté, des désirs, de l’intelligence. On trouve ce terme bien plus souvent que le précédent dans la seconde partie des Ecritures. Marc 10 : 45; Luc 12 : 15 ; 12 : 22-23; 14 : 26.

 – « Zoé » : la vie de qualité et d’essence divines, la vie réelle, véritable, active et vigoureuse, bénie, vouée à Dieu, et qui aboutira, après la résurrection, à de nouvelles accessions, dans un corps parfait et pour l’éternité. Ce mot est le plus employé. Nous le trouvons dans les versets cités ci-dessus.

La bible nous dévoile le plan glorieux de Dieu : en sacrifiant Son Fils unique qui a porté les péchés de l’humanité lors de la crucifixion, Il a offert la possibilité à tous de recevoir la vie éternelle. Jean 3 : 16. Il s’agit d’une vie riche, de qualité et active en communion avec Celui qui la répand. Lorsque le docteur de la loi a interpellé Jésus et Lui a demandé comment opérer pour obtenir la vie éternelle, il a utilisé bien le mot « zoé« . Luc 10 : 25. Ainsi, sa question était : « Que dois-je faire pour vivre réellement, être animé de la vie véritable et de qualité, une existence riche et bénie de Dieu ? » Le Seigneur a renvoyé son interlocuteur à l’observation des Ecritures. Luc 10 : 26-27. Puis, comme conséquence à cette mise en pratique concrète, Jésus a affirmé qu’il vivrait et a employé le même mot de la racine « zoé ». Luc 10 : 28.

Le Seigneur a affirmé qu’Il était « le chemin, la vérité, la vie« . Jean 14 : 6. Il ne communique pas seulement l’existence biologique, physique, psychique avec toutes les facultés correspondantes. Le croyant déterminé à Le suivre bénéficie de la vie « zoé« . Ce type de vie se trouve uniquement dans le Seigneur. Jean 5:40. Elle est un don gratuit qui ne se mérite pas mais qui se reçoit par la foi. Rom 6 : 23. Jean a déclaré sans ambiguïté la réalité suivante : l’individu qui a accepté Jésus dans son cœur possède cette vie, celui qui ne Lui a pas ouvert sa porte intérieure ne la détient pas. 1 Jean 5 : 11-12. Ainsi, l’incroyant bénéficie de la vie « bios » et de la « psuche« . En effet, son organisme et ses sens naturels fonctionnent; il existe, ressent, réfléchit, perçoit, analyse. Le chrétien a lui le privilège de posséder en plus la vie divine qui aura un prolongement dans l’éternité.

La mission du Fils de Dieu était très claire : donner et favoriser la croissance de ce style de vie. Jean 10:10. De plus, Jésus a donné un éclairage supplémentaire : il s’agit d’une vie abondante. La racine de ce terme évoque les notions de « supérieure, excellente, extraordinaire« . Il ne s’agit pas d’une promesse de facilité, d’absence de difficultés et de souffrances. Cela signifie la possibilité de voir la vie de Dieu se déployer et se répandre dans l’être intérieur du disciple. Elle est sensée imprégner tous les domaines de l’existence. Elle surpasse le cadre d’une vie ordinaire. Elle est supérieure car elle vient d’en-haut.

2) VALORISER CETTE VIE QUI PASSE SI VITE.

L’expérience pratique montre que cette vie de qualité acquise chèrement par Jésus est souvent mise en difficulté, attaquée, salie. L’ennemi des croyants cherche par tous les moyens à la détruire ou au moins à l’étouffer. Ses actions sont entreprises pour inciter les chrétiens à abandonner la foi et à se détourner du Seigneur. 1 Tim 1 : 18-20; 2 Tim 4 : 10; Héb 10 : 26-31. S’il n’y parvient pas, il déploie ses efforts pour freiner et s’opposer à l’expression de cette vie éternelle. De plus, il empêche ceux qui possèdent la vie « bios » et la vie « psuche » de recevoir la vie « zoé« . En effet, il sait très bien que bénéficier seulement des deux premières ne conduit pas au salut. C’est pourquoi l’Eglise a reçu la mission d’annoncer le message de l’Evangile et de témoigner de Jésus pour permettre aux incrédules d’êtres sauvés suite à leur conversion. Act 3 : 19.

Cette vie est précieuse. Ici-bas, elle passe très vite. Les années défilent. Le départ du frère Lusseau nous rappelle ce que nous savons déjà : nous sommes de passage sur cette terre. Pierre précise que nous sommes « étrangers et voyageurs« . 1 Pie 2 : 11. Notre vie ne nous appartient pas. Nous sommes dans l’impossibilité de maîtriser le moment et les circonstances du départ vers la patrie céleste. Il est donc absolument nécessaire de valoriser ce dépôt du Créateur en nous. Sinon, le temps s’écoule et fait fleurir de nombreux regrets: celui d’être passé à côté du plan de Dieu, celui de ne pas s’être véritablement consacré et de L’avoir servi selon un engagement minimum, celui de ne pas avoir suffisamment investi son temps, son énergie, sa santé et ses capacités pour le Seigneur, celui d’être passé à côté de la réussite au niveau du couple et de la famille, celui d’avoir cédé à la pression du mode de vie de la société actuelle et de s’être laissé enfermer dans le rythme « métro-boulot-dodo« . Les disciples sont au contraire appelés à expérimenter la quiétude, la sérénité et l’assurance de Paul au crépuscule de sa vie. 2 Tim 4 : 7-8. Il convient alors d’agir dans les domaines suivants :

Choisir d’être centré sur Christ. Mat 6 : 33. Il est primordial de recevoir Jésus comme Sauveur personnel. Malheureusement, il peut être relégué à la périphérie de l’existence. Les croyants de Laodicée étaient sauvés mais de toute évidence, le Seigneur n’était pas invité à demeurer au centre de leur vie. Ils vivaient le salut sans dimension profonde et sans communion divine. Apo 3 : 20. Valoriser la vie éternelle « zoé » consiste à privilégier et à entretenir sa relation personnelle avec Dieu. Il est précieux de développer la prière, la louange, la réflexion au sujet du royaume divin, le recueillement, la lecture et la méditation des Ecritures. La relation avec le Créateur est la première qui nécessite toute l’attention de l’individu. Tout le reste découle de la communion – ou de l’absence de communion – avec le Seigneur. Il suffit de se pencher sur l’ordre avec lequel ont été rédigés les dix commandements. Les quatre premiers traitent de la relation que l’homme est invité à développer avec le Créateur. Les six suivants abordent les relations humaines. Ex 20 : 1-17; Deut 5 : 6-21. Ainsi, soigner sa vie « zoé » commence par accorder un soin particulier à sa connexion avec le ciel.

Décider d’être au service du Seigneur dans l’église et exprimer les compétences reçues. L’être humain ressent au plus profond de lui la nécessité de s’engager et de s’investir. S’épanouir dans la vie éternelle consiste aussi à consacrer ses ressources à la croissance du royaume de Dieu. Il s’agit d’une croissance en quantité et en qualité. En effet, le Seigneur désire sauver un maximum de personnes. 1 Tim 2 : 4. Les activités de l’assemblée et des disciples doivent poursuivre ce but : être des poteaux indicateurs lumineux dans ce monde pour éclairer les gens et les amener à se tourner vers Jésus. Mat 5 : 14-16. L’autre objectif consiste à favoriser la qualité de vie au sein de la communauté. Celle-ci est appelée à être composée de personnes sauvées en grand nombre et qui expérimentent l’amour, le secours et le soutien fraternels, la paix, la joie, l’épanouissement au travers de relations saines et imprégnées de foi. Il s’agit de parvenir à la fin du parcours terrestre en ayant le sentiment et la satisfaction d’avoir contribué à atteindre ces objectifs. L’approbation du Saint-Esprit est certainement une des plus grandes richesses qui soit.

Privilégier l’essentiel selon le Seigneur. Apprendre à effectuer le tri dans les différentes sollicitations rencontrées. Avoir les bonnes priorités. Faire la distinction entre le primordial, l’important, le secondaire et l’inutile selon l’appréciation divine bien évidemment. En effet, l’homme charnel considère importantes des activités qui ne le sont pas pour le Seigneur. Dieu qualifie d’indispensables des occupations que l’individu range dans la catégorie « secondaire » ou « inutile« . Il convient d’avoir le courage de procéder à une sélection juste des occupations de l’existence. Le véritable disciple a les mêmes sentiments que Jésus et il effectue un classement identique à celui de son Maître. Phil 2 : 5. Dans ces conditions, il valorise la vie éternelle qui l’anime.

Le départ de notre frère doit motiver les chrétiens à éviter de perdre du temps, de l’énergie, des forces mentales et physiques pour des choses futiles voir inutiles au yeux de Dieu. Nous n’avons pas le droit de dilapider les richesses qu’Il a mises à notre disposition ni de gaspiller nos ressources en les consacrant au monde. Notre devoir est de faire fructifier les trésors divins déposés dans chaque vie. Mat 25 : 14-30.

Parmi les bonnes dispositions, il convient de soigner également les relations humaines. Les souffrances, les désillusions, les douleurs proviennent très souvent de contentieux, de conflits, de tensions entre individus. L’idée qui hélas ressort dans bien des contextes est celui d’un certain gâchis. Que de mois et d’années perdus à cause d’attitudes et de paroles qui pourraient – devraient – être évitées. Les quelques années que le Créateur nous accorde sur terre devraient être empreintes d’amour, de paix, d’harmonie, de respect et de joie dans les relations humaines. Valoriser la vie éternelle consiste pour le chrétien à rechercher et à développer ces valeurs. Pro20 : 22; Marc 9 : 51; 1 Thes 5 : 15; Rom 12 : 18.

Lorsque c’est le moment de partir, il est indispensable d’entrer dans le ciel en ayant résolu les éventuelles dissensions avec les autres. Néanmoins, le plan parfait de Dieu ne consiste pas à résoudre les problèmes avant qu’il ne soit trop tard. Il réside plutôt dans l’instauration de la paix le plus tôt possible.

« La valeur de la vie est évaluée moins par sa durée que par l’héritage qu’elle laisse derrière elle. Il ne s’agit pas de savoir si nous avons vécu longtemps mais si nous avons bien vécu et avec plénitude« .

Philippe LANDREVIE

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