EVANDIS 328 : PRIERE ET JEUNE

Lecture Esther 4 : 10-17.

1) LE JEUNE RASSEMBLE.

– Mardochée a informé Esther du plan machiavélique d’Haman pour détruire le peuple juif. Il l’encourage à demander audience auprès du roi afin de plaider la cause des hébreux. La reine sait qu’elle va mettre sa vie en péril en se présentant devant le souverain sans avoir été invitée. Dans la perspective de cette rencontre, Esther sollicite Mardochée pour conduire les juifs dans un temps de recherche de la face de Dieu au travers du jeûne et de la prière. Parallèlement, elle s’entoure de ses servantes.
– Dans cette situation de crise, la nécessité de se rassembler et de s’unir a été ressentie fortement. Dans l’adversité, l’homme se surprend à défendre l’intérêt général et est capable de manifester beaucoup de vertus. Souvent, l’Eglise se recentre sur le royaume céleste et fait du Seigneur sa principale recherche au milieu des épreuves. Les nombreux témoignages en provenance des pays où sévit la persécution soulignent la réalité de l’unité, de la communion des chrétiens autour de la Parole et du jeûne et prières. Face à l’opposition et dans un contexte de crise, les disciples se rassemblent.
– Dans une certaine mesure, nous vivons une période délicate : peu de gens se tournent vers l’évangile malgré d’énormes souffrances, la croissance de l’Eglise en France est lente, les mentalités et les attitudes opposées au Seigneur se renforcent et se multiplient, un climat anti-religieux se développe, des lois contraires à l’éthique chrétienne sont de plus en plus votées, des croyants demeurent dans la défaite et ne s’en sortent pas, d’autres restent prisonniers de leurs péchés, de leurs passions, de la domination de leur nature charnelle…
– Il est nécessaire de prendre conscience de l’importance de grandir dans l’unité et de favoriser des temps de recherche de la face de Dieu au travers du jeûne pour voir le royaume du Seigneur s’étendre. Pour rejoindre l’expression d’Esther, que tous les chrétiens qui se trouvent à Niort et dans la région se rassemblent pour jeûner !

2) LES CARACTERISTIQUES DU JEUNE.

a) L’état d’esprit du jeûne.

– La reine a préconisé une abstinence totale de nourriture et de boisson pendant 3 jours. Cette recommandation renvoie au principe du renoncement à soi. Il s’agit d’abandonner pour un temps son confort, son programme, ses désirs personnels, ses habitudes pour se consacrer au Seigneur. La privation alimentaire exprime la volonté de reléguer au second plan cette nécessité pour se concentrer en priorité sur Jésus. Cela traduit la détermination de privilégier les choses célestes par rapport aux terrestres. Mat 6 : 33.
– La durée précisée dans le texte, à savoir 3 jours, est à rapprocher avec le temps passé par le Seigneur dans le tombeau. Le Fils de Dieu a donné Sa vie en faveur de l’humanité pour le salut de celle-ci. Jean 3 : 16, Rom 5 : 8; 6 : 23. Sa mort était absolument indispensable pour le rachat des fautes et leur expiation. Le Sauveur a renoncé à Lui-même jusqu’à accepter et supporter le supplice de la croix, puis Il a été enseveli pendant 3 jours.
– Le disciple authentique souhaite ressembler à son divin Maître selon le désir et le plan du Créateur. Luc 6 : 40; Rom 8 : 29; Eph 4 : 13; Phil 1 : 6. Ainsi, dans son identification au Seigneur, il aspire à renoncer à sa propre vie, à mourir à lui-même. Le jeûne de 3 jours est symbolique de cette démarche.
– Jonas est resté pendant une période similaire à l’intérieur d’un grand mammifère marin. Jon 2 : 1. Ce serviteur récalcitrant et contredisant a été contraint à un jeûne de la même durée. Cette situation a été permise par Dieu pour l’amener à renoncer à ses idées et raisonnements personnels pour se soumettre à ceux du Seigneur. Plongé dans l’obscurité du ventre du poisson et agressé par les odeurs nauséabondes, Jonas est passé par une forme de mort.
– Paul a rencontré Jésus de façon bouleversante voir violente. Il est resté 3 jours dans une cécité absolue sans boire ni manger. Act 9 : 9. Le jeûne du futur apôtre est en rapport avec son expérience de mort à lui-même. En effet, il a compris la nécessité de renoncer à tous les principes et les modes de fonctionnement humains qui dirigeaient sa vie. Bien qu’aveugle physiquement, ses yeux spirituels se sont ouverts et il a vu désormais l’importance de laisser Jésus conduire son existence, de Lui donner son cœur, de se soumettre à Sa volonté, de Le servir avec un état d’esprit différent.
Ainsi, suivant ces quelques exemples, il convient de réaliser que le jeûne demande à être pratiqué avec un état d’esprit adéquat de renoncement et de mort à soi. En effet, le Seigneur agit dans le cadre de Sa souveraineté mais aussi en fonction des choix de l’Eglise. Lorsque cette-dernière se réfugie dans un train-train routinier, rassurant et confortable, Ses interventions bénies sont limitées. Par contre, quand les croyants se mobilisent pour centrer leur vie sur Jésus, ils ont plus de chances de voir la gloire de Dieu.

b) Les buts du jeûne.

– Esther se trouvait dans une situation particulièrement périlleuse et face à un défi à relever. Son jeûne associé à celui du peuple a eu pour but de se consacrer à Dieu dans une attitude d’abandon. Ce temps d’abstinence est un moyen pour le chrétien de se recentrer sur les choses d’en haut. Col 3 : 1-2.
– C’est également une attitude qui permet au Seigneur d’agir sur les circonstances afin de les rendre propices. Suite au temps mis à part pour la prière et la recherche de la face de Dieu de la part de la reine et du peuple, le cœur d’Assuérus a été disposé favorablement pour recevoir Esther et lui donner satisfaction. Est 5 : 2. La bible affirme que le Créateur établit des hommes et oriente leurs pensées selon Ses desseins bienveillants. Prov 21 : 1; Dan 4 : 17; Jean 19 : 11; Rom 13 : 1-2. Lorsque des disciples s’unissent, prient et cherchent leur Maître dans un élan de renoncement au travers du jeûne, le Seigneur intervient pour changer des situations bloquées, inextricables, défavorables en inclinant les cœurs selon Sa volonté.
– Il est précieux de se tenir devant Dieu avant une échéance importante demandant un choix ou une décision. Jésus a choisi 12 disciples dans le but de les former, de les instruire, de les enseigner afin qu’ils deviennent les piliers de l’Eglise. Avant de sélectionner Ses apôtres, le Seigneur a passé du temps avec Son Père. C’est dans une parfaite harmonie spirituelle que l’élection des 12 s’est faite. Luc 6 : 12-16.
– Ainsi, quand le croyant se trouve à un tournant dans sa vie et qu’un choix déterminant doit être effectué, il lui est précieux de recevoir la pensée ou l’orientation divine dans un face à face avec le Rédempteur.
– Le jeûne permet également de s’imprégner de la puissance de Dieu pour accomplir des œuvres particulières. Tous les chrétiens sont devenus des habitations du Saint-Esprit qui est invité à résider dans le cœur pour y développer la nature et le caractère de Jésus mais aussi pour y déverser Sa force. Les ministères et les travaux ne doivent pas être accomplis avec des capacités et des moyens humains seulement. La puissance, la présence, l’onction de l’Esprit sont indispensables. Zac 4 : 6; Es 40 : 31; Jean 15 : 5; 2 Cor 12 : 7-10. Ces richesses se reçoivent lorsque les vies sont orientées vers le Seigneur. Act 1 : 8; 14; 4 : 29-31.
– L’Eglise, établie et mandatée par Dieu, a pour mission de prêcher l’évangile du salut, de guérir les malades, de libérer les prisonniers de toutes leurs chaînes. Mat 10 : 7-8; Marc 3 : 13-15; 6 : 12-13. Pour remplir correctement sa vocation, elle a besoin d’être centrée sur le Seigneur pour être remplie de Sa force.
Mat 17 : 19-21 : Jésus signifie que certaines œuvres ne sont possibles qu’en bénéficiant d’une dose particulière de puissance reçue au travers du jeûne.

c) Le jeûne fait partie du service.

Act 13 : 1-3 : L’assemblée d’Antioche était composée d’hommes de Dieu impliqués dans leur ministère. Les Ecritures mentionnent la réalité selon laquelle tous les croyants sont membres d’un corps spirituel : l’Eglise. Chacun est invité à s’engager dans un service en rapport avec les dons reçus qui nécessitent d’être valorisés pour la croissance de l’œuvre de Dieu. Mat 25 : 14-30; 1 Pi 4 : 10. Dans Sa grâce, le Seigneur enrichit tous Ses enfants sans exception de différentes façons. Ainsi, ces talents peuvent être des charismes pour l’exercice des dons spirituels, des capacités spécifiques pour des ministères particuliers mais aussi des qualités naturelles que Dieu a données par création et des compétences acquises par l’éducation et la formation. 1 Cor 12 : 1-11; Jean 15 : 16; Act 10 : 36-39; 13 : 2.
– Ce passage montre que les chrétiens à Antioche associaient l’engagement dans leur ministère avec la pratique du jeûne. Par cette consécration, le Seigneur agit pour qualifier, instruire, modeler Ses serviteurs en vue de les rendre plus efficaces et performants. Le travail invisible mais néanmoins indispensable du Saint-Esprit s’effectue au travers de la disponibilité des disciples que le jeûne favorise.
– De plus, chaque service dans l’Eglise a aussi besoin de confirmations, de directions, d’orientations. Saul et Barnabas ont reçu une indication précise pour leur vie à l’occasion d’un moment de jeûne et prières. Leur ministère a ainsi pu évoluer selon le plan divin. Qu’il en soit de même pour chaque disciple de l’assemblée, car la marche avec Dieu n’est pas figée ou bloquée, elle sous-entend des évolutions et des changements pour la croissance personnelle et collective. Exemple d’Etienne et de Philippe qui ont débuté dans le service de Dieu en tant que diacres et qui se sont orientés vers la prédication.

3) L’IMPLICATION PERSONNELLE.

– Esther ne s’est pas contentée d’encourager Mardochée et les juifs au jeûne, elle s’est impliquée personnellement. Dieu a toujours voulu et favorisé la diversité parmi Son peuple : variété des compétences, des appels, des ministères, des tempéraments, des sensibilités, des facultés. Les possibilités et les expressions disparates mais complémentaires et interdépendantes les unes des autres constituent une richesse extraordinaire. Dans ce cadre, les disciples ne sont donc pas tous concernés par les mêmes choses.
– Par contre, tous les chrétiens sont conviés à se sentir concernés par des éléments communs : la lecture, la méditation de la Parole, la vie d’église, la recherche de la communion fraternelle, la prière, le jeûne. Il ne s’agit donc pas de se reposer sur les autres, mais de s’engager comme Esther sur un plan individuel.

Philippe Landrevie

 

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