CVA 292 : PRENDRE SOIN DES AUTRES (2)

Lecture : Actes 9 : 1-19.

1) LA MISERICORDE.

– Ananias signifie « L’Eternel a été miséricordieux« . Par définition, miséricorde est synonyme de compassion, de pitié éprouvée face aux misères d’autrui. Ce mot comporte également la notion de grâce, de pardon accordé à un coupable. Selon le sens biblique, c’est l’attitude intérieure qui pousse quelqu’un à s’occuper de gens dans la détresse, à souffrir avec eux, à les entourer, les soutenir, les accompagner. C’est l’amour offert gratuitement sans aucune condition ni obligation préalable.
– Il convient de souligner que la miséricorde et la compassion ne traduisent pas seulement un sentiment. Dans le cœur de Dieu, elles s’accompagnent d’actions, de mobilisations, d’interventions, d’implications concrètes en faveur de ceux qui en ont besoin. Gen 19 : 19; Ps 78 : 38; 103 : 8-10;
Marc 1 : 41. Désireux de ressembler à son Seigneur, le disciple souhaite avoir les autres à cœur et exercer en leur faveur la miséricorde en s’investissant concrètement pour les aider : prière, présence, écoute, conseils, disponibilité, marques d’affection…
– Tous les chrétiens sont appelés à devenir des « Ananias« , c’est-à-dire à recevoir et à manifester la miséricorde divine. En effet, pour communiquer et partager efficacement une richesse, il est nécessaire de l’avoir auparavant reçue, expérimentée. Act 3 : 6. Sinon, on fait rejaillir sur les autres ses propres malaises, ses souffrances, ses défaites, ses défauts, ceci consciemment ou inconsciemment. La suite logique consiste à rendre les autres responsables des difficultés personnelles.
– Ainsi, pour exercer la compassion et la grâce, il faut les vivre et permettre à ces réalités divines de produire leurs effets bénéfiques dans l’existence. Le croyant capable de pardonner réellement est celui qui le veut et qui a pleinement mesuré la dimension et la portée du pardon de Dieu dans sa propre vie. Le disciple rempli d’amour pour son prochain l’a décidé et réalise, vit la grandeur et l’immensité de l’amour divin. Un chrétien a les autres à cœur et souhaite prendre soin d’eux quand il expérimente et prend conscience que le Seigneur agit de la sorte à son égard. Eph 4 : 31-32; Col 3 : 12-13.
– Il est donc essentiel dans un premier temps d’avoir reçu de Dieu l’amour, le pardon, la miséricorde, la grâce, le soutien, le secours afin de partager ces trésors aux nécessiteux.
– Un autre élément est cependant à considérer : un croyant peut jouir de ces richesses et ne pas les partager et se contenter de les conserver pour lui. Mat 18 : 23-35 : Dans cette parabole, Jésus expose le cas d’un homme ayant bénéficié de la clémence de son maître, mais qui a été intraitable vis à vis d’un compagnon. On peut avoir la même attitude dans l’assemblée, c’est-à-dire recevoir les bienfaits divins sans les répandre autour de soi. La vie d’église est alors restreinte à la simple présence aux réunions où on vient pour s’asseoir, chanter, écouter les prières et les prédications et repartir pour vivre sa vie. Dans ce cas, l’égoïsme, l’indifférence, la préoccupation de son bien être, l’attachement à son confort prédominent et limitent l’expansion de l’œuvre de Dieu. Phil 2 : 20-21. Un des principes fondamentaux de l’évangile est le devoir d’être tourné vers les autres afin de partager avec eux les bénédictions reçues par chacun.
Rom 15 : 2; 1 Cor 10 : 24; Gal 5 : 13; Phil 2 : 41; 2 Tim 2 : 2; Pi 4 : 10.

2) L’APPEL D’ANANIAS.

Verset 10 : Le Seigneur s’adresse à Son serviteur par l’intermédiaire d’une vision. Ce passage souligne l’importance d’être sensible à l’Esprit et d’être réceptif à tous les modes de communication de Dieu qui parle tantôt d’une manière, tantôt d’une autre (visions, songes, pensées profondes, paroles audibles, lecture biblique, écoute de la prédication, conseils, circonstances…) Job 33 : 14. Les disciples n’ont pas à imposer à Jésus la façon et le moyen de recevoir Ses pensées, Ses plans, Ses indications. Leur responsabilité est d’aspirer à grandir dans le domaine de la sensibilité spirituelle et d’entretenir une réelle disponibilité de cœur pour recevoir les messages divins.
– Paul encourage à rechercher les dons spirituels dans le but de l’édification commune afin que le Seigneur manifeste Son œuvre dans l’Eglise au travers de Ses enfants. 1 Cor 12 : 1-11; 14 : 1-4.
– Concernant les moyens de transmission de la volonté divine, il convient d’admettre dans l’humilité le risque de confondre les intentions de Jésus avec des pensées strictement personnelles. Cela ne remet pas en cause la foi, l’amour et la dévotion pour le Seigneur, mais nous rappelle la réalité de notre nature humaine qui peut nous jouer des tours et nous piéger. C’est pourquoi il convient, pour éviter ces écueils, d’éprouver la pensée reçue et de permettre au Saint-Esprit de la confirmer, de l’imprimer dans le cœur ou de l’éliminer afin de s’assurer qu’elle est d’origine divine (et non charnelle voir ténébreuse) Cette précaution demande de bannir la précipitation et de manifester de la patience. La sagesse conduit aussi à soumettre ces éléments à des frères et sœurs afin d’avoir leur éclairage et leur appréciation.
Verset 11 : Ananias fait preuve d’une grande disponibilité à l’appel de Dieu en répondant favorablement et promptement. 1 Sam 3 : 10; Es 6 : 8. Le Seigneur lance des appels aux hommes dans les domaines suivant : le salut avec la nécessité de se repentir et de se convertir; l’engagement dans un service; la consécration; le zèle; la fidélité matérielle et financière; un bon état d’esprit, la recherche de Sa face par la prière et la méditation de Sa Parole… La question est de savoir si nous répondons positivement avec empressement.
– Ananias découvre et comprend sa mission. Verset 11. Cependant, il manifeste une certaine retenue car il connaît la réputation de Saul de Tarse. Il émet une objection à cause de craintes fondées et compréhensibles, et non parce qu’il a un état d’esprit contredisant et contestataire. Le Seigneur lui répond et le rassure. Versets 15-16. Ainsi, comme ce disciple, il arrive au chrétien de nourrir des inquiétudes, des interrogations, voir de l’angoisse après avoir reçu des indications divines concernant la marche à suivre (implication dans un ministère, renoncement à quelque chose, orientation dans une direction qui n’était pas prévue, choix à effectuer)
– Dans Sa bonté, Jésus intervient toujours pour sécuriser, calmer l’agitation intérieure, chasser le doute, apporter Sa paix. Ps 4 : 9; 94 : 19; Es 30 : 15; Jean 14 : 27; Rom 15 : 13; Phil 4 : 6-7.

3) ANANIAS PREND SOIN DE PAUL.

– Ananias, docile, obtempère et se soumet aux indications reçues divinement en rencontrant le futur apôtre afin de prier pour lui. Act 9 : 3-6 : Ce passage nous apprend que Jésus s’est révélé directement à Saul, sans aucun intermédiaire humain. Le Seigneur aurait pu lui redonner la vue de la même façon. Cependant, Il a choisi, dans Sa souveraineté, d’utiliser un instrument disponible (Ananias) pour accomplir Son œuvre.
– Cette expérience a certainement été bénéfique pour Paul qui a compris qu’il était invité à se soumettre entièrement à Dieu tout en considérant la nécessité de composer avec les éléments humains. Pareillement, le disciple a besoin d’apprendre à rencontrer Jésus personnellement afin que sa santé spirituelle ne dépende pas exclusivement du soutien des autres. Mat 6 : 6; Luc 10 : 38-42. Mais chacun est également invité à rechercher et à entretenir la communion fraternelle dans le but de recevoir et de donner car les membres du corps de Christ sont unis, associés, complémentaires, dépendants les uns des autres.
1 Cor 12 : 12-26.
Verset 17 : Ananias manifeste de la tendresse et de la chaleur en entourant avec affection Saul qu’il appelle son frère. Pourtant, il connaît parfaitement le passé de celui qui a persécuté durement l’Eglise. Il sait que des frères et sœurs ont été arrêtés, emprisonnés et même assassinés à cause de lui.
Act 8 : 1; 9 : 1-2. Néanmoins, il choisit de faire grâce et miséricorde. Cet exemple remarquable révèle l’attitude adéquate qui consiste à prendre soin les uns des autres dans l’acceptation de leur passé mais aussi de leurs faiblesses, de leurs défauts, de leurs défaillances présentes. L’église se développe quand chaque membre admet ces réalités et reconnaît ses propres limites, péchés, fautes, manquements. Cela suppose des comportements mettant en avant la tolérance, l’humilité, le fait de supporter les différences de point de vue, le respect des opinions divergentes, la volonté de gérer avec les sentiments de Jésus la diversité d’appréciations, de considérations, de tempéraments.
– Paul et Barnabas, par exemple, ont vécu un profond désaccord sans pour autant se faire la guerre et s’affronter. Act 16 : 36-41; Rom 14 : 1-4; 15 : 7.
– Les membres de l’assemblée peuvent-ils entourer avec compassion et miséricorde chaque enfant de Dieu en lui disant : « Mon frère; ma sœur » ? Est-il possible de le regarder en face avec douceur et lui affirmer : « Tu es mon frère, tu es ma sœur, même avec nos défauts respectifs et nos différences » ?
– Ananias aurait pu souligner les méfaits de Saul. Il a préféré l’entourer. De la même façon, il est très facile de mettre en avant les manquements des autres ou de l’église. Il est préférable d’opter pour la grâce et la miséricorde en relevant et en partageant leurs qualités, leurs compétences, leurs réussites. Il est essentiel de valoriser, d’encourager, de faire ressortir les éléments positifs. Une question : à quand remonte la dernière fois que tu as soutenu ou stimulé quelqu’un ?
Verset 17 : Ananias précise avoir été envoyé par le Seigneur pour accomplir cette œuvre. Il est important de se placer devant Jésus afin d’être inondé de l’amour divin par le Saint-Esprit pour ensuite être envoyé et bénir, soulager, guérir, consoler, entourer. Chacun est un instrument de bénédiction en puissance pour les autres. Il s’agit d’en prendre conscience et de se rendre disponible pour être utilisé par le Seigneur. Chacun est convié à se poser les questions suivantes : suis-je utile pour l’assemblée ? Suis-je utile en dehors de l’église ? Quand les autres me voient arriver, craignent-ils des remarques désobligeantes ou sont-ils confiants parce qu’ils savent que les échanges sont paisibles ? Ai-je l’habitude de prendre des nouvelles des autres ? Ai-je concrètement des démarches qui visent à soutenir et à entourer les autres ? Si cela n’est pas le cas, ai-je le droit de me plaindre des autres ?

Philippe Landrevie

 

 

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