Comment gérer l’imprévisible ?

Je souhaiterais, en préambule, vous livrer quelques lignes de l’Évangile de Luc, extraites du chapitre 11, à partir du verset 5. C’est Jésus qui parle :

« Si l’un de vous a un ami, et qu’il aille le trouver au milieu de la nuit pour lui dire : Ami, prête-moi trois pains, car l’un de mes amis est arrivé de voyage chez moi et je n’ai rien à lui offrir, et si de l’intérieur de sa maison son ami lui répond : Ne m’importune pas, la porte est déjà fermée, mes enfants et moi nous sommes au lit, je ne puis me lever pour te donner des pains… Je vous le dis, quand même il ne se lèverait pas pour les lui donner parce que c’est son ami, il se lèverait à cause de son importunité et lui donnerait tout ce dont il a besoin. Et moi, je vous dis : Demandez et l’on vous donnera ; cherchez et vous trouverez ; frappez, et l’on vous ouvrira. »

J’insiste sur la fin de ce texte, comme la suite le fait, car il veut nous montrer la générosité du Père céleste :

« Quiconque demande, reçoit ; celui qui cherche, trouve ; et l’on ouvre à celui qui frappe. »

Mais avez-vous aussi remarqué le début du texte :

« Si l’un de vous a un ami… ? »  Ce « l’un de vous », c’est moi, mais c’est également vous. Et que peut-il vous arriver ? Et bien, que ce soir, très tard, tandis que vous êtes couché, vous entendiez frapper à votre porte. Vous vous levez et vous vous trouvez en présence de votre ami Jacques, qui habite à au moins cent kilomètres de chez vous, et qui vous dit : « Excuse-moi de te déranger en pleine nuit. Je rentrais chez moi et je suis en panne de voiture. Elle n’avance plus. Pourrais-tu m’accorder l’hospitalité, le gîte et le couvert ? »

Pour le gîte, il n’y a pas de problème, mais pour le couvert, c’est moins évident. Vous deviez, en effet, aller faire des courses dans la soirée, mais vous vous êtes dit : « Je finis ma baguette de pain et les quelques bricoles qui sont dans le frigidaire. Demain, on ira faire peau neuve. » Comment, en effet, prévoir cette arrivée inopportune de Jacques ? Tous les magasins sont fermés à cette heure-ci. Comment faire ? Subitement, une idée jaillit à votre esprit : « Et si je demandais à mon ami Pierre ? Il habite sur le palier, il saura me dépanner. » Et vous bondissez en pyjama jusqu’à sa porte. L’accueil, tel que le relate la Bible, n’est pas très favorable. Pierre est un grincheux. Finalement, il vous dépannera. « Merci, je te revaudrai ça », dites-vous en rejoignant votre appartement.

Laissez-moi tout de suite vous dire que si vous imaginez Dieu au travers de la personne de Pierre, vous commettez une très lourde erreur. La Bible précise :

« Il ne sommeille ni ne dort, celui qui garde Israël en paix »,

et c’est de Dieu qu’il est question. Elle ajoute ailleurs :

« Si un malheureux crie, l’Éternel entend et il le sauve de toutes ses détresses. »

C’est bien ce que disait notre texte :

« Frappez et l’on vous ouvrira ; demandez et l’on vous donnera. »

Peut-être ne l’avez-vous pas remarqué, mais ce récit révèle quelque chose de très important. Si je vous posais la question : « Pourquoi n’avez-vous pas pu satisfaire le besoin de votre ami Jacques ? » vous me répondriez : « Parce que je n’avais pas pu prévoir sa venue inattendue. Si j’avais su… Mais c’était imprévisible. »

Eh oui ! Voilà le dilemme. Vous aviez prévu ce qu’il vous fallait pour la journée et la soirée. Mais vous n’aviez pas prévu l’imprévisible. Il est vrai que vous avez réussi, grâce à Pierre, à gérer cet imprévisible. Mais ce n’est pas toujours possible. Et la vie nous met souvent devant des situations plus scabreuses et douloureuses encore. Notre sagesse naturelle, notre esprit d’initiative, d’organisation, font que nous savons prévoir tout ce qui est prévisible. Mais devant l’imprévisible qui nous fait souvent dire : « Si j’avais su », nous sommes désemparés.

On a prévu les moindres détails de ce voyage, mais pas l’accident inattendu qui nous ravît l’un des nôtres. Pensez à ce terrible Tsunami de Noël dernier. On a prévu tout ce qui est nécessaire dans le ménage qu’on fonde, mais on n’a pas prévu les heurts, les incompréhensions, trop souvent, les infidélités qui briseront le ménage. On a prévu d’avoir des enfants, joie du foyer et bâton de vieillesse en puissance, mais on a pas prévu qu’un jour ils pourraient nous renier, et on n’a que ses yeux pour pleurer. Pensez, si vous la connaissez, à l’histoire du fils prodigue.
Et je pourrais multiplier indéfiniment les exemples et taper pile dans celui qui vous concerne aujourd’hui, comme la maladie ou la mort.

Que désire donc nous apprendre le texte que je vous ai lu ? Que lorsque nous n’avons pas pu prévoir, et que ça nous tombe dessus et nous laisse désemparés, accablés, sans ressources, nous avons un ami à la porte duquel nous pouvons aller frapper, même en pleine nuit, même en pleine révolte. Et cet ami, c’est Jésus. Je connais un chant qui commence ainsi : « Quel ami fidèle et tendre, nous avons en Jésus-Christ… » Peut-être n’avez-vous jamais frappé à la porte de son cœur, jamais cherché à le connaître réellement, jamais demandé son aide, son secours. Le texte ne dit-il pas :

« Cherchez et vous trouverez ? »

Ouvrez une Bible, cherchez-y les Évangiles. Vous y trouverez celui qui pardonne une pécheresse adultère, qui sèche les larmes d’une mère éplorée, qui guérit des malades, qui éclaire sur la foi d’un vieillard.

Le texte ne dit-il pas aussi :

« Frappez et l’on vous ouvrira ? » 

C’est-à-dire, appelez-le et dites-lui votre souffrance, votre échec, dites-lui le poids de votre solitude, celui de votre culpabilité, votre mal-être, votre mal de vivre, vos déceptions, vos peines. Épanchez votre cœur. Je lis dans la Bible :

« Venez à moi vous tous qui êtes fatigués et chargés et je vous donnerai du repos. »

Le texte n’ajoute-t-il pas :

« Demandez et l’on vous donnera ? »

Ne priez pas seulement après que l’imprévisible se soit produit pour que le Seigneur intervienne. Pensez à confier votre vie et celle des vôtres au Seigneur, chaque matin en vous levant, en lui disant peut-être : « Je ne sais de quel problème cette journée sera composée. Je ne puis le prévoir, mais toi, Seigneur, tu le sais. Je remets donc ce jour sous ta protection, sous ta lumière, afin que tu me guides et que tes anges campent autour de moi. »

J’ai parlé de tout cet imprévisible et de l’ami qui a les trois pains pour nous venir en aide. Mais je manquerais à mon devoir si j’omettais de vous dire que l’Evangile a aussi pour but de nous aider à prévoir ce qui est prévisible, mais que nous ne pouvons réaliser seuls. Et je citerais en priorité notre salut éternel.

En ce qui le concerne, nous avons quelque chose à faire. Le prophète Amos nous dit :

« Prépare-toi à la rencontre de ton Dieu ».

Il est vrai que notre salut a été préparé et réalisé par le Christ lors de son sacrifice sur la Croix. Il a pu dire :

« Tout est accompli. »

Mais nous devons personnellement nous préparer à rencontrer Dieu.

« Il est réservé aux hommes de mourir une seule fois, après quoi vient le jugement »,

affirme la Bible. Mais comme cette dernière affirme aussi :

« Celui qui a le Christ a la vie éternelle, mais celui qui n’a pas le Christ n’a pas la vie éternelle. » 

Nous devons avoir une démarche de recherche, de rencontre, de foi, d’engagement vis à vis du Christ. Tout cela, c’est prévoir le prévisible et il est important de ne pas le négliger afin qu’au jour du jugement, nous ne soyons pas rejetés. Gérons personnellement le prévisible et demandons à Dieu de gérer pour nous l’imprévisible.

Paul Moreau

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