4 évangiles, 4 perspectives

Un argument très souvent utilisé par les détracteurs de la foi chrétienne est que les quatre évangiles ne racontent pas les mêmes choses. Ils cherchent les contradictions et les différences pour justifier leur point de vue qui est de discréditer la Parole de Dieu. 

Les évangiles sont appelés « synoptiques », ce qui veut dire « avec plusieurs regards ». On comprend très bien le sens de ce mot lorsque l’on considère que les témoins d’un fait vont donner une version différente, mais complémentaire selon ce qu’ils ont vu et selon là où ils étaient. 

Les témoins d’un accident à un carrefour expliqueront les faits selon ce qu’ils sont, ce qu’ils ont vu, selon l’angle de vue, la distance… Tous rendent témoignage du même accident, mais avec leurs mots, leurs arrières plan culturel, leur perception et enfin leur proximité. 

Il en est de même des quatre évangélistes. Uni dans leur intention, mais ayant une perspective unique, chaque écrivain évangélique présente une image différente de la vie et du travail de Jésus. 

En tant que chrétiens, nous devons être capables de répondre de notre foi face aux détracteurs qui ne manque pas ! Pour affermir votre foi, je vous invite à considérer comment les quatre évangélistes annoncent la bonne nouvelle de Jésus et appellent les gens à croire en lui. 

I. Qui sont les quatre évangélistes ?

Matthieu est l’auteur du premier évangile et l’un des douze disciples appelés par Jésus. Son prénom signifie en hébreu « don de Yahvé ». Les autres évangélistes l’appellent parfois Lévi (Marc 2,14 et Luc 5,27). Il semble originaire de Capernaüm et est présenté comme publicain. Origène écrit qu’il fut le premier évangéliste et qu’il s’adressait aux chrétiens issus du judaïsme. Nous ne disposons d’aucune information sur sa mort, si ce n’est qu’elle aurait eu lieu en Éthiopie. 

Marc, Markos en grec, Marcus en latin, est l’auteur du deuxième évangile. La tradition le désigne comme un disciple de Pierre. Il accompagna Paul et son cousin Barnabé lors d’un premier voyage. On le retrouve à Rome, aux côtés de Paul alors prisonnier. Présenté comme « le fils très cher » de l’apôtre Pierre (1 Pierre 5,13), on suppose que Marc se serait mis à son service après la mort de Paul. 

Luc, forme abrégée du latin lucanus, « clair », et l’auteur du troisième évangile. La plupart des critiques modernes s’accordent à lui attribuer aussi la paternité du livre des Actes des Apôtres. Selon la tradition, il est d’origine païenne, syrien, médecin. Il aurait accompagné Paul dans ses voyages. Ce que semblent confirmer plusieurs épîtres pauliniennes. Selon certaines sources, il aurait été membre de la première communauté d’Antioche. Une ancienne tradition rapporte qu’il a été martyrisé avec André à Patras (Grèce) à l’âge de 84 ans. 

Jean, « Dieu a fait grâce », est pêcheur sur le lac de Galilée. Avec son frère Jacques, il fait partie des douze disciples appelés par Jésus. Il deviendra même, comme Pierre, l’un de ses intimes et assistera à plusieurs événements importants de sa vie. Son activité d’évangéliste à Éphèse est attestée. Sous l’empereur Domitien, il est exilé sur l’île de Patmos, où il écrit l’Apocalypse. Ce n’est qu’à son retour qu’il s’attache à la rédaction de l’évangile et de trois épîtres. La date de sa mort, en martyre, est controversée. Elle est liée à l’authenticité de ses écrits. 

II. Qui est Jésus ?

Matthieu présente Jésus comme l’héritier de David et l’accomplissement des promesses de Dieu à Abraham (1 : 1–17). Il est le vrai roi et le nouveau Moïse. Il est venu pour accomplir la loi et les prophètes et inaugurer le royaume de Dieu.

Marc montre Jésus comme le Fils de Dieu, venant avec autorité pour enseigner, guérir et chasser les démons. Il est aussi le Fils de l’homme, la véritable représentation de ce que signifie être humain.
Le rejet et la souffrance de Jésus sont bruts et prononcés dans Marc.

Luc présente Jésus comme le prophète venu souffrir pour son peuple (7:16 ; 13:33). Il est un guérisseur et un ami des collecteurs d’impôts. Il est venu sauver les perdus et les exclus. Il est le serviteur d’Esaïe, qui apporte du réconfort aux souffrants et aux opprimés.

Pour Jean, Jésus est la Parole faite chair — Dieu est présent depuis le début des temps. Il est le Fils de Dieu et celui qui révèle le Père. Jésus fait des affirmations audacieuses à propos de lui-même qui exigent de ses auditeurs une foi audacieuse.

III. Comment les écrivains évangéliques racontent-ils leurs histoires ?

Matthieu entremêle cinq blocs principaux de l’enseignement de Jésus tout au long de son récit, soulignant que Jésus est le véritable enseignant de la Torah.

Il remarque intentionnellement des événements de groupe et des enseignements selon ce thème. Il place ces événements en sandwich pour qu’ils se prêtent un sens. Par exemple, il place l’envoi en mission par Jésus des douze près de la mort de Jean-Baptiste, en insistant sur le coût du discipulat (6 : 7-30).

Marc nous dépeint Jésus comme celui qui est à l’œuvre pour accomplir un ministère efficace. Le mot favori de Marc est : aussitôt. C’est le récit le plus court et le plus dynamique des quatre évangiles.  

Luc met l’accent sur le ministère de Jésus auprès des exclus. Son récit de voyage, le voyage de Jésus à Jérusalem, est souvent appelé « Évangile pour les exclus » (9 : 51–19 : 27). Jésus raconte des paraboles comme le fils prodigue et le bon samaritain alors qu’il voyage pour remplir son rôle messianique.

Jean et attirent l’attention sur son identité en tant que Fils de Dieu (1 : 19–12 : 50). Les miracles ou les « signes » de Jésus, dont beaucoup ne sont pas consignés dans les autres évangiles, occupent une place importante dans le récit de Jean. 

IV. Quelles techniques littéraires chaque écrivain utilise-t-il ?

Matthieu s’appuie sur des passages de l’Ancien Testament pour montrer comment la vie de Jésus a réalisé les anciennes prophéties (par exemple : Matt 1:22-23 et Esaïe 7:14; Matt 2:15 et Os 11:1). Il commence également par une généalogie pour souligner le fait que Jésus est l’héritier de David et l’accomplissement des promesses de Dieu à Abraham (1 : 1-17).

Marc s’appuie sur le motif du secret pour créer un suspense et souligner la mission de Jésus. De nombreuses fois, Jésus commande aux démons, aux gens qu’il guérit et même à ses disciples de garder le silence sur son identité.

Luc a le meilleur vocabulaire et utilise le grec littéraire. Sa longue préface est inspirée des prologues des histoires grecques hellénistiques et de la littérature gréco-romaine et fait preuve d’une grande habileté artistique (1 : 1-4).

La simple prose de Jean est imprégnée de symbolisme et d’une profonde portée théologique. Jésus est la Parole (1:1), le pain de vie (6:35), la lumière du monde (8:12) et le bon berger (10:11). Jean exerce également une ironie dramatique. Nathanaël demande : « Quelque chose de bon peut-il sortir de Nazareth ? » (1:46).

V. Quels sont les thèmes de chaque évangile ?

Matthieu, le Royaume ; l’accomplissement de la loi et des prophètes (5:17)

Marc, le royaume de Dieu qui est arrivé, mais ne s’est pas complètement manifesté (1:15 ; 4 : 30-32 ; 14:25)

Luc, le royaume de Dieu ou le royaume des cieux ; condamnation de la richesse utilisée à mauvais escient (16 : 1–31 ; 19 : 8)

Jean, croyance en Jésus pour la vie éternelle (5 : 21-25)

VI. Pourquoi les écrivains évangéliques racontent-ils leurs histoires ?

Matthieu présente Jésus comme la réalisation de l’attente d’Israël à l’égard d’un roi messianique à venir (par exemple, 1 : 22-23 ; 2 : 5-6 ; 3 : 3).

Marc proclame que Jésus est le Fils de Dieu et que le royaume de Dieu est ici : « Le temps est accompli et le royaume de Dieu est proche. Repentez-vous et croyez-en l’évangile » (1:15).

Luc écrit : « Cela m’a paru bon aussi, après avoir suivi toutes les choses de près, de vous rédiger un récit méthodique, très excellent Théophile, afin que vous ayez la certitude concernant les choses qui vous ont été enseignées » (1 : 3-4).

Jean dit : « Mais ceux-ci sont écrits pour que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et qu’en croyant, vous pouvez avoir la vie en son nom » (20:31).

En lisant chaque évangile de près, réfléchissez à la manière dont les événements individuels s’inscrivent dans chaque récit évangélique. Lorsque vous comparez les événements entre les évangiles, réfléchissez à la manière dont chaque récit met en lumière différentes préoccupations relatives à la vie et au ministère de Jésus. 

La Bible a ceci de particulier : elle est inspirée ! Cela signifie que Dieu, au travers des hommes intervenant directement dans les récits bibliques ou participants à sa rédaction, ont été instruments entre les mains de Dieu. Comme Jésus, la Parole faite chair, les récits bibliques sont à la fois humains et divins. 

Laurent GUILLET

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